LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET LE CLIMAT DE L'ÉCOSSE

 

 

L'Écosse, dans ses limites actuelles, a une superficie de 77500 km2, soit à peu près la moitié de l'île de Grande-Bretagne. Elle s'étend du 55C degré de latitude nord (Dumfries) au 60e (Shetland). Ce ne sont pas les latitudes du nord de la Scandinavie (Troms, 70e degré) ou de la Russie (Arkhangelsk, 65e degré), mais elles sont suffisantes pour expliquer, surtout dans les Hautes-Terres, des hivers longs et froids et un climat dans l'ensemble plus rude que celui de l'Angleterre.

Vers l'ouest, le plus proche voisin de l'Écosse, dans sa partie méridionale, est l'Irlande; la côte de l'Ulster n'est éloignée du Mull of Kintyre que de 18 kilomètres: par temps clair, chacun des deux rivages est visible à l'oeil nu du littoral opposé. Cette proximité explique les liens historiques et culturels étroits qui ont existé depuis la Préhistoire entre les deux pays, et dont témoigne entre autres le nom même de l'Ecosse, puisque les Scots, peuple celte, sont venus originairement de l'Irlande au VIe siècle.

Du côté oriental, la mer du Nord sépare l'Écosse du sud de la Norvège, situé juste en face (Bergen est à 600 kilomètres d'Aberdeen), du Danemark, de l'Allemagne et des Pays-Bas. Cette mer, aisément franchissable, a porté au cours des âges les bateaux des envahisseurs scandinaves, mais elle a aussi facilité les relations commerciales et culturelles de l'Ecosse avec les ports de la Hanse, la Hollande et la France. Tout le nord du pays, surtout les îles, a vécu longtemps en symbiose avec la Norvège; les traces de cette ancienne relation sont encore visibles de nos jours.

La présence, sur la côte ouest, du courant tiède du Gulf Stream, venu du golfe du Mexique, donne à cette partie de l'Écosse un climat humide et relativement doux, compte tenu de la latitude. Au contraire, les courants froids de la mer du Nord expliquent les hivers prolongés et les étés frais de la côte est.

La carte climatique de l'Écosse est donc complexe, variant selon l'altitude (les Highlands connaissent un enneigement abondant) et selon l'exposition à l'ouest ou à l'est. Les Lowlands et les îles, balayés par tous les vents, sont le domaine des ciels changeants et des brusques variations de temps.

Mais, d'une façon générale, l'Ecosse connaît un climat humide, avec d'abondantes précipitations à peu près partout (la moyenne des pluies est de 1270 mm par an) et des températures qui ne dépassent que rarement 20 à 22° en été. Ces données conditionnent les caractères particuliers de l'agriculture écossaise et la répartition du peuplement (Il faut noter que le climat a varié selon les époques. L'Écosse a connu un fort refroidissement au XVIIe siècle, comme presque toute l'Europe. Au contraire, depuis une trentaine d'années, les températures en plaine ne descendent plus qu'exceptionnellement au dessous de - 8°, et l'enneigement diminue de façon spectaculaire.)

 

 

 

 

LA STRUCTURE GÉOLOGIQUE ET LE RELIEF

 

L'observateur le moins attentif constate, dans le paysage écossais, le contraste entre le massif montagneux du Nord - les Highlands ou Hautes-Terres -' la zone basse intermédiaire qui s'étend de l'embouchure de la Clyde à celles du Forth et de la Tay - les Lowlands, ou Basses-Terres -, enfin les collines qui occupent le sud du pays et forment frontière avec l'Angleterre - les Southem highlands, ou " Hauteurs du Sud ".

 

A cette distinction traditionnelle tripartite doivent être ajoutées les innombrables îles (près de 800, dit-on, dont 140 sont habitées, groupées en quatre archipels: Hébrides intérieures, Hébrides extérieures ou occidentales, Orcades et Shetland, qui, géologiquement parlant, sont des morceaux de Highlands isolés par la submersion.

 

Les Highlands, qui occupent plus de la moitié de la superficie du pays au nord d'une ligne Glasgow-Perth, sont un massif de roches cristallines et métamorphiques, granit, gneiss, grès, schistes, qui appartiennent au même très ancien continent que la Scandinavie, le Groenland et le plateau canadien, en partie englouti au cours des millions d'années des âges géologiques. Le volcanisme, les glaciers (qui ont recouvert tout le pays à l'ère quaternaire, l'érosion en ont modelé le relief, plus élevé à l'ouest qu'à l'est(C'est à l'ouest que se trouve le sommet le plus élevé, Ben Nevis 1 343 m, point culminant de la Grande-Bretagne.)

 

Surtout, une grande fracture orientée du sud-ouest au nord-est a creusé un étroit et profond sillon, le Glen More ou Great Glen, qui va de l'Atlantique à la mer du Nord, séparant les Highlands en deux blocs bien distincts, les Northern Highlands et les Central Highlands. C'est dans le Glen More que se trouve le Loch Ness, long de 40 kilomètres et profond de 230 mètres, domaine du célèbre " monstre " Nessie .

Toute cette partie montagneuse de l'Écosse est d'aspect peu hospitalier; les hautes vallées sont d'accès difficile, les marais et tourbières ont longtemps occupé les parties basses. En revanche, les hauts sommets, les torrents poissonneux, les lacs aux reflet d'acier font des Highlands le centre touristique incontesté de l'Ecosse; la chaîne des Grampians, dans les Central Highlands, est en quelque sorte l'épine dorsale de l'Ecosse, opposant depuis l'Antiquité un obstacle efficace aux invasions venues du Sud.

Entre l'Atlantique et la mer du Nord, les Lowlands forment sur une centaine de kilomètres, au sud des Highlands, une assez étroite zone basse de terrains sédimentaires, drainée par trois fleuves plus ou moins parallèles: la Clyde, qui coule d'est en ouest pour se jeter dans l'Atlantique, le Forth et la Tay qui coulent d'ouest en est et terminent leurs cours dans la mer du Nord. C'est ce " sillon Clyde-Forth " ou " Clyde-Tay " qui constitue l'" Ecosse utile " des géographes et des économistes. Plus des trois quarts de la population du pays y sont concentrés et la plupart des hauts lieux de l'histoire nationale s'y trouvent, à commencer par Scone, l'antique siège des rois pictes, et Bannockburn, théâtre de la bataille qui assura l'indépendance de l'Ecosse en 1314. Glasgow, Stirling et Perth se trouvent au pied des Highlands, dont les premiers escarpements dominent l'horizon au nord.

 

 

Les trois fleuves des Lowlands s'élargissent dans leurs cours inférieurs en vastes estuaires - Firth of Clyde, Firth of Forth, Firth of Tay -, où la marée remonte loin à l'intérieur des terres et où se sont développées les villes: Glasgow, Édimbourg, Perth, Dundee. La région autour d'Édimbourg, le Lothian, scène de maints épisodes de l'histoire écossaise, s'ouvre à l'est vers une étroite plaine côtière, couloir traditionnel d'invasions jalonné de champs de bataille, tandis qu'au sud elle rejoint insensiblement les collines de la Tweed.

 

Les Southern Uplands, enfin, qui occupent l'espace au sud des Lowlands, sont un ensemble assez confus de collines, en partie volcaniques, en partie calcaires, culminant à plus de 900 mètres. A l'ouest, ce sont les comtés d'Ayr, de Galloway et de Dumfries, riches en forêts et en pâturages; à l'est, la fertile vallée de la Tweed, bordée au Moyen Age de riches abbayes et de bourgs royaux, a eté pendant six ou sept siècles disputée entre l'Angle-terre et l'Ecosse, périodiquement ravagée et pillée. Plus au sud, formant frontière, les collines des Cheviot sont le domaine des célèbres moutons à laine.

 

Toute cette région, qu'on appelle Borders (limites), a été jusqu'au XVIIe siècle le repaire des brigands et des hors-la-loi qui terrorisaient les populations environnantes, anglaises et écossaises confondues. La Tweed, dans son cours inférieur avant de rejoindre la mer du Nord, sert de frontière, laissant sur sa rive gauche la ville de Berwick, maintes fois assiégée, prise et reprise par les armées des deux royaumes; le sort des armes et des traités l'a, en définitive, laissée à l'Angleterre en dépit de la géographie.

 

Il faut ajouter, pour achever ce tableau sommaire de l'Écosse, la côte orientale des Highlands, aux terrains sédimentaires fertiles permettant d'abondantes cultures, dont Aberdeen est la capitale, et les îles, à qui leur situation et leur climat donnent une physionomie bien particulière.

 

 

 

 

LA VÉGÉTATION ET LA FAUNE

 

Jusqu'à l'aube des temps modernes, les Highlands ont été le domaine d'une faune sauvage qui n'a pas entièrement disparu de nos jours: sangliers, cerfs, aurochs, aigles peuplaient les forêts et les sommets. Le déboisement, activement poursuivi depuis le Moyen Age, a dénudé les pentes et les sommets, désormais livrés àla bruyère, aux ajoncs et à la fougère. Le x'xe siècle a vu commencer, au contraire, une politique de replantation de forêts, surtout en résineux - le pin d'Ecosse domine; les réserves de chasse sont parmi les plus riches d'Europe.

Dans les îles et sur les côtes ouest et nord, il n'est pas rare de voir s'ébattre phoques et otaries, sans compter les millions d'oiseaux de mer qui peuplent les petites îles transformées en réserves naturelles. Ce sont des lieux battus par le vent du large, où les arbres ne poussent que dans quelques coins abrités. En revanche, la douceur de la température, bienfait du Gulf Stream, explique dans quelques lieux privilégiés la présence de jardins où fleurissent azalées, rhododendrons et camélias, et où poussent même des palmiers *.(Achamore House, Inverewe Gardens, Colonsay)

Les Lowlands, fortement urbanisés, ont été longtemps parsemés de tourbières, de marécages et de forêts. Les uns et les autres ont disparu ainsi que tous les animaux sauvages qui ont pu y vivre en des époques pas tellement éloignées.

Quant aux collines du Sud, il y subsiste des zones assez préservées, tel le parc national de Galloway, la forêt de Craik ou les landes des Cheviot, mais dans l'ensemble l'élevage et les cultures y ont remplacé depuis longtemps l'écosystème ancien.